Le deuil Périnatal, pas à pas.
Je vous présente aujourd’hui ce très beau documentaire, que
j’ai découvert grâce à Lætitia, qui tient le blog « L’instinct de Vivre » et a écrit le livre témoignage du même nom. Je la remercie du fond
du cœur, car c’est un reportage extrêmement respectueux de ce que vivent les
parents, très émouvant.
Il est un peu ancien (2007), mais les émotions exprimées
restent d’une grande justesse, toujours valables aujourd’hui. Il suit deux couples de parents endeuillés et l'équipe médicale présente à l'hôpital Jeanne de Flandres.
Le voir est en outre une bonne manière de prendre conscience du combat mené, il y a peu, par d’autres parents pour la reconnaissance de leur enfant à l’Etat Civil.
C’est grâce à eux, aujourd’hui, que l’on peut inscrire
un tout-petit, mort-né, sur son livret de famille, lui donner un prénom, le
traiter avec tout le respect qui lui est dû. Grâce à eux, en somme, que la
société a pu commencer à reconnaître l’existence de ces enfants.
C’est primordial, car, comme le dit un papa dans le
film : « si nous n’avions pas eu d’enfant, nous n’aurions pas eu à
faire ce travail de deuil, nous n’aurions pas eu ces douleurs ».
Il reste encore du chemin à faire, c’est vrai, mais quel
grand pas fût franchi ce jour là ! Un pas vers les familles, vers le
respect de leur grande douleur, un pas aussi pour que les bébés qui naîtront
après puissent être mieux accueillis, sans risquer d’être des « enfants de
remplacement ».
Le film revient également, de manière assez linéaire, sur le parcours de deuil des pères et des mères après la mort de leur enfant.
La naissance, tout d’abord…
La parole des parents sur leur manière de réagir est
puissante, elle a la force du témoignage.
Elle est complétée de manière précieuse par le point de vue
du médecin, Maryse Dumoulin.
Elle dit, avec sobriété, l’importance, pour
avancer sur son chemin de deuil de donner une réalité au bébé.
- Cela peut se
faire de diverses manière, il n’existe pas une seule réponse, mais pouvoir voir
son bébé, le tenir dans ses bras lorsque c’est possible, lorsque les parents y
sont prêts sera, par la suite, un souvenir souvent apaisant.
Je vous invite d’ailleurs, à ce sujet, à relire l’étude traitant de la présentation desenfants morts-nés à leur mère, que j’ai traduite il y a quelques mois. - La parole des soignants qui ont vu l’enfant et peuvent le
décrire, eux qui sont parfois les seuls témoins de son passage sur Terre est
également éminemment importante, tout comme le sont les photos du bébé, le
bracelet de naissance et autres souvenirs.
Je ne saurais, d’ailleurs, dire mon émotion, à titre personnel, en voyant le soin avec lequel le personnel médical préparait ces photos. Ils y mettaient beaucoup de douceur et de tendresse, et c’est précieux, lorsqu’on sait combien les photos impersonnelles prises par certains hôpitaux peuvent être difficiles à regarder, alors même qu’elles sont les seuls souvenirs que gardent les parents. Le sujet me tient à cœur, et je vous présenterai prochainement une association dont le projet est de permettre aux parents de garder de beaux souvenirs de leur bébé !
Les funérailles, par la suite
Le film nous montre ensuite des images de cérémonie, dans
une salle dédiée de l’hôpital. Il se dégage de ces instants une très grande
douceur et beaucoup d’émotions. Les mots, les actes, les symboles posés l’un
après l’autre donnent sa place à l’enfant et reconnaissent sa trace dans la vie de son entourage…
On suit également les parents dans leurs démarches, aux
pompes funèbres, à l’Etat Civil… Toute cette série de rendez-vous, de décisions
à prendre, lorsqu’il est si difficile de se concentrer, de comprendre même ce
qui arrive, est extrêmement éprouvant. Comme le dit l’un des parents suivi par
la caméra, « on me dit ce que je dois faire, c’est tout… »
C’est pourquoi, tout au long du film, l’accompagnement
empathique de l’hôpital, de toute l'équipe de Maryse Dumoulin, qui aide les parents dans ces actes, m’a semblé
remarquable. C’est un bel exemple de ce vers quoi nous pourrions tendre,
partout en France, pour que ces moments intensément douloureux, plus fréquents
qu’on ne le pense, puissent être vécu avec plus d’humanité et de chaleur.
Survivre à un deuil périnatal, enfin…
Le film évoque rapidement les groupes de parole et l’aide qu’on
peut y trouver, que l’on peut, aussi, apporter aux autres en osant dire ce que
l’on ressent.
Il revient aussi sur la manière, différente mais toujours
aussi sensible, de faire son deuil pour un homme, pour une femme. Le respect
porté à l’autre, à ce qu’il ressent mais aussi à ce qu’il a vécu, est
perceptible dans la parole de ces pères et de ces mères, dans l’éclairage du
docteur Dumoulin aussi.
Il n’en reste pas moins que ces différences rendent
parfois la communication difficile, les hommes croyant protéger leur compagne
en se cachant pour vivre leur peine, et ces dernières les pensant insensibles.
Revenir dessus, inciter au dialogue cœur à cœur, dans le respect de chacun, est aussi l’une des vertus de
ce film, importante tant le couple peut être mis à mal lors d’un deuil
périnatal.
Le film, enfin, se clôt sur l’apaisement des parents qui se
retournent sur le chemin parcouru…
17 jours après avoir perdu mon petit garçon, je visionne ce documentaire. L'émotion est intense, dans la découverte et la prise dans les bras de ce petit bébé que l'on voudrait tellement entendre pleurer....
RépondreSupprimerMerci....
Je suis désolée pour vous... Il n'y a pas de mots pour ce que vous vivez.
SupprimerJe vous envoie beaucoup de force et de douceur pour les jours, les semaines et les mois qui viennent.
N'hésitez pas, si vous le souhaitez, à consulter la page qui liste les associations de soutien au deuil périnatal. Partager, ne pas se sentir seul, aide beaucoup.
N'hésitez pas non plus à aller sur des forums, comme celui de Petite Emilie.
Vous pouvez aussi lire des livres (vous en trouverez une liste sur le blog, mot clé "livre").
Surtout respectez-vous. Ce que vous vivez est très difficile, c'est normal d'aller mal, normal que ça prenne du temps...
Tendres pensées à votre petit garçon,
Claire