Habiller les bébés mort-nés dans des vêtements adaptés

L'AssociationLou’Ange, pour habiller de douceur les bébés morts-nés.

Lorsque j'ai entendu parler des actions de Lou'Ange, j'ai tout de suite trouvé cela formidable. Proposer des habits pour ces tous-petits bébés, adaptés à leur taille, répond en effet à un besoin si profond, si réel...
Habiller ces bébés morts bien trop tôt, c'est aussi permettre à leurs parents de les envelopper physiquement de tendresse, de garder d'eux un beau souvenir, d'être apaisés par le sentiments d'avoir fait ce qui était juste pour leur enfant.
Ce sont ces petits gestes, signes de l'humanité et de l'importance de chacun de ces bébés, qui permettent à leurs parents de se sentir entourés, reconnus en tant que père ou que mère, autorisés à éprouver toutes les émotions du deuil qui débute. 
C'est dire si le travail de Lou'Ange et de ses bénévoles participe au chemin de deuil des parents, et s'il était important, pour moi, de faire cette interview!
Je remercie Stéphanie Filliung, présidente de l'association, d'avoir pris de son temps pour répondre à mes questions et je vous souhaite une bonne lecture. 

 

Comment est née l’association ? 

J'ai voulu créer cette association suite à la perte de ma petite Louanne, née sans vie a 24 semaine de grossesse.
J'ai réalisé, à ce moment-là, combien c'était important d'habiller ces bébés avec dignité et tendresse, combien c'était difficile aussi de se procurer des habits aussi petits.

Qui sont les bénévoles qui la composent ? 

Il y a beaucoup de parents endeuillés, des mamanges , des papanges...
Certains parents participent aussi parce qu'ils se sentent touchés par cette cause...
Enfin, des cadres sage femmes et des médecins nous aident dans nos actions. Ils se sentent concernés, après avoir accompagné des parents endeuillés dans leur vie professionnelle....

Comment fonctionne l’équipe ? 

Nous avons le siège social à Saint-Étienne, pour commencer.
Ensuite, on trouve des relais de l'association à Roanne, Belfort et Lyon.
Enfin, nous communiquons beaucoup entre nous et avec ceux qui nous suivent via facebook.
 

Quel est votre rayon d’action ? Comment choisissez-vous les hôpitaux avec qui vous travaillez ? 

En fait, nous œuvrons sur toute la France. Souvent, ce sont les hôpitaux qui nous contactent, parce qu'ils ont entendu parler de nous et qu'ils souhaitent mieux accompagner les bébés décédés et leur famille.
Certains de nos membres actifs font également un gros travail de livraison auprès des hôpitaux de leur région.

Comment travaillez-vous ?

Nous achetons une partie de la laine nous-même, mais nous recevons aussi des dons en nature.
Certaines bénévoles achètent aussi leur laine elles-mêmes.
Nous utilisons exclusivement de la laine layette. Sa taille est plus adaptée à des tous petits bébés.
Ce sont ensuite les bénévoles qui se mettent au travail. Certaines sont officielles, d'autres tricotent plus occasionnellement. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues!

Si l’on a des dons à faire, où peut-on les adresser ? 

On peut les envoyer à notre adresse :
Lou'Ange,
3 rue Théodore de Banville
42100 Saint-Étienne

Pour les dons financiers , l'association est reconnue d’intérêt général donc une partie est déductible des impôts...
Nous sommes aussi très heureux lorsque nous recevons des pelotes ou même du tissu.
Tous les dons sont les bienvenus, que ce soit de manière régulière ou juste une fois, si vous souhaitez donner une fin de pelote.

Comment les tricots sont-ils distribués aux hôpitaux ? Comment travaillez-vous avec ces derniers?

Selon les cas, nous envoyons les colis par la Poste, ou nos coordonnatrices se déplacent pour les livrer en main propre aux hôpitaux.
Nous travaillons avec les Maternités dans un climat de confiance. Ils nous font part de leurs besoins, nous y répondons au mieux.
Avec certains d'entre eux, nous faisons des livraisons régulières.

Les ouvrages

Y a-t-il des couleurs, des styles de laine plus recherchés ?

Hormis le fait qu'il faut travailler uniquement avec de la laine layette, nous faisons attention aux couleurs choisies.
A l'exception du noir et du vert très vif, tout est accepté.
Nous faisons aussi attention au rouge, dont l'usage est limité à quelques petites touches.

Quels sont les modèles dont on a le plus besoin ?

Nous ne faisons jamais de brassières, nous recherchons principalement des modèles qui permettent d'envelopper souplement les bébés.
Nous avons surtout besoin de couffins et de nids d'ange.

Quelles sont les tailles les plus adaptées pour accompagner les bébés morts-nés dans leur dernier voyage ?

Nos bénévoles tricotent et cousent des modèles allant de la taille 17 cm à une taille 40 cm.

Comment vous faites vous connaître ?

Nous travaillons beaucoup via les réseaux sociaux, qui permettent de faire connaître nos actions.
Le bouche à oreille fonctionne bien aussi : les hôpitaux parlent beaucoup de nous, de même que les paranges qui bénéficient de nos layettes.

Comment collectez-vous les fonds dont vous avez besoin ?

Vous faites une collecte de stylos. De quoi s'agit-il? Quelle est la destination de ces stylos? Comment cela vous rapporte-t-il de l’argent ?

Les stylos sont recyclés.
Nous avons, là aussi des référentes , dans de nombreux départements qui sont chargés de récupérer les stylos.
Pour 10 kilo de stylos , l'entreprise de recyclage nous reverse environ 20 euros.

Vous faites aussi régulièrement des ventes de tricot. A quelles périodes de l’année ont-elles lieu ? Et quels types d’articles mettez-vous en vente ?

Nous faisons des ventes de tricot pour Noël, mais aussi pour la fête des Pères et des Mères.
Pour l'occasion, les bénévoles tricotent des  écharpes, des bonnets, des mitaines, mais aussi de jolis sacs.

Vous intervenez auprès des personnels soignants. Sous quelle forme?

Avec les hôpitaux, la plupart du temps, nous avons des échanges, des contacts lors des commandes et des livraisons des tricots. On ne peut pas parler d'intervention au sens propre du terme.
Par contre, nous intervenons régulièrement dans des écoles de futurs soignants pour les sensibiliser à la prise en charge de ces nombreuses familles qui sont chaque année confrontées au deuil périnatal...

De quoi auriez-vous besoin ?

Nous sommes vraiment en recherche de dons financiers, car les frais de port nous coûtent très cher.
Mais tous les dons de matières premières, laine layettes, boutons, rubans , polaire... sont les bienvenus!

Comment marche la déclaration d’intérêt général, obtenue en septembre 2014 ? Pourquoi avez-vous fait cette démarche? Qu’implique-t-elle ?

C'est un processus exigeant, qui implique une gestion irréprochable de l'association, mais qui donne beaucoup de reconnaissance et de légitimité à nos actions. De plus, cela nous permet de bénéficier de plus nombreux dons, grâce à la confiance que le public nous fait...