Un Berceau sans Bébé - Critique

Critique de Return to Zero – Un berceau sans Bébé

Un film sur le deuil périnatal.

Ce film présente le parcours d’un couple frappé par un deuil périnatal. C’est la première fois que ce sujet douloureux et délicat est ainsi évoqué, dans un format long, une fiction grand-public.

Le producteur y raconte son histoire, celle de sa famille.

Il y a dans ce film une intention double :

-         un désir, presque militant, de briser le tabou qui entoure ce deuil pourtant fréquent, qui touche une femme sur 50 au cours de sa vie.

-         Un hommage au petit garçon du producteur, le désir de raconter, de manière cathartique, pour transformer la peine et la douleur.

Un film sincère...

C’est peut-être à la fois la force et la faiblesse du film.

Un force car tout est vécu de l’intérieur, évoqué avec justesse, sans aucun voyeurisme.

Une faiblesse, car à vouloir tout raconter, à vouloir embrasser la totalité des retentissements d’un tel séisme dans la vie des protagonistes et de leur entourage, le film s’égare, se perd, survole et, finalement, perd en intensité.

Les acteurs sont convaincants, pourtant. 

Le visage gris, comme gelé, de Minnie Driver montre bien l’anéantissement qui l’habite, la perte du goût et du sens de la vie, la peine et l’angoisse dévorante.

Son homme, déboussolé, se perd dans l’action, passant du bricolage au travail, du travail au flirt, du flirt à l’aventure, dans une hyperactivité qui ne cherche qu’à combler un vide immense.

Mais il y a, sans doute, trop de personnages secondaires, trop d’anecdotes qui parleront à tous ceux qui ont vécu la mort d’un enfant :

• L’amie enceinte, les proches sur qui on peut compter, qui écoutent sans juger, et ceux qui infligent aux jeunes parents leur philosophie de comptoir et leurs phrases bien pensantes.
• Le désir qui s’enfuit, la communication qui devient si difficile dans le couple, entre culpabilité, silences, agressivité et malentendus.
• Les répercussions sur la famille élargie, les deuils périnataux qui ressortent, les conflits larvés qui éclatent soudain au grand jour.
• La naissance du bébé mort né, l’accouchement, les moments bouleversants passés avec lui, l’enterrement,
• La présence empathique du personnel médical.
• Les angoisses de la nouvelle grossesse.
• la naissance du bébé, bien vivant cette fois-ci, mais la difficulté à investir la relation avec lui. La découverte d’un nouvel équilibre, plus fragile et pourtant plus profond.

Oui, tout y est, mais évoqué si rapidement que le film hésite presque entre le documentaire et la fiction et que, finalement, l’émotion y est moins puissante. Elle reste très présente, bien sûr, mais touche sans doute davantage les parents endeuillés que les autres.

Mais qui aurait pu être plus fort en cherchant à être moins exhaustif.

Un tel sujet est éminemment difficile, c’est merveilleux que ce film puisse exister, car il ouvre une voie au dialogue, il rompt avec courage le silence qui pèse sur ce que vivent des milliers de famille tous les ans.

Pour les parents qui ont vécu la même chose, pouvoir s’y retrouver, avec tant de fidélité, est primordial. Sans doute, si des choix avaient été faits au détriment d’autres, ç’aurait été douloureux de voir, une nouvelle fois, le silence retomber sur tel ou tel aspect du deuil périnatal.
Je comprends donc ce parti pris d’exhaustivité.

Néanmoins, le film n’étant pas un documentaire, il fait déjà un choix : il raconte UNE histoire, la mort d’UN bébé dans UN couple, qui a SA manière de réagir.  Certains, j’ai pu le voir sur les réseaux sociaux, ne se sont pas reconnus dans ce récit.

Dès lors, je reste persuadée qu’il aurait fallu aller plus loin dans les choix. Non pour faire des « coupes » (comme TF1 a osé le faire, quelle honte !) mais pour traiter plus en profondeur certains aspects du deuil périnatal.

Je pense que cela aurait permis toucher plus facilement au cœur ceux qui n’ont pas vécu la mort d’un bébé, et qui ont du passer à côté de beaucoup d’allusions contenues dans le film, mais non développées.

Une fin pleine de justesse.

 Pour finir, ce que je retiendrai, moi, du film, c’est le chemin intérieur que leur petit Arthur amène ses parents à faire. La transformation de ce couple sûr de lui, rayonnant, mais aussi donneur de leçon et presque arrogant du début en un homme et une femme plus fragiles, capables d’empathie malgré (ou grâce à ? ) leur grande douleur me semble belle et émouvante.

Et si je devais émettre un bémol sur une idée propagée par le film, ce serait sur la banalisation des troubles de l’attachement ressentis par Maggie à la naissance de sa fille. C’est vrai, sans aucun doute, que vivre un deuil périnatal rend les agacements du quotidien bien futiles et aide à se fixer sur l’essentiel : l’amour que nous portons à nos enfants. Néanmoins, je pense que ça reste un événement très traumatique et que, parfois, il peut être nécessaire de se faire aider pour ne pas faire porter aux autres enfants le poids du passé.

Vous pouvez voir ce film sur le deuil périnatal ici, n’hésitez pas !

Et pour ceux qui l’ont regardé, qu’en avez-vous pensé ?